Air France : les habits neufs de l’empereur

18-10-2015

 

À Air France on annonce 2 900 suppressions d’emplois (300 pilotes, 900 hôtesses et stewards, 1 700 personnels au sol), 5 000 disparaîtraient après les élections de 2017. Une provocation.
 

Depuis la nomination de Xavier Broseta au poste de DRH en 2012, 5 500 postes ont déjà été supprimés afin d’augmenter la « productivité », ce qui a entraîné une hausse de 11 % des accidents du travail et met en danger les passagers et le personnel navigant. Ajoutons que les salaires sont bloqués depuis 4 ans.
 

Les images ont tournées en boucle. À 9h30, le lundi 5 octobre, le Comité central d’entreprise (CCE) débute. À 10h30 un cortège de manifestants rassemblant toutes les catégories de personnel solidaires et unies se tient devant le siège d’Air France. Le PDG Frédéric Gagey et le secrétaire de la CGC fuient par une porte dérobée. À 10h45, devant l’indifférence, les manifestants investissent le CCE en réclamant la démission du PDG d’Air France-KLM, Alexandre Juniac.
 

« On nous dit qu’il faut être transparents avec les clients mais vous est-ce que vous êtes transparents avec nous ? » interpelle une hôtesse avant d’ajouter : « On est pas venu chercher le conflit Messieurs, on est pas venu pour être violents, on est pas venu pour vous manquer de respect » mais pour « avoir le sentiment, l’impression d’être pris en considération, juste ça. Mais même ça vous ne pouvez pas nous le donner ! » La colère monte. Le DRH Xavier Broseta s’enfuit torse nu après s’être fait arracher sa chemise. La liquette de Pierre Plissonnier, numéro deux du long-courrier de la compagnie et son DRH à Roissy est aussi malmenée.
 

Va se déployer un concert de réactions politiques et syndicales autour du thème de la violence. La CFDT, fidèle « partenaire social », « condamne sans réserve et avec la plus grande fermeté les violences indignes ». Mais que dire du secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, déplorant les violences et rappelant que « c’est la négociation qui doit l’emporter », ou du secrétaire général adjoint de la CGT-Air France prévenant préalablement la direction afin qu’elle mette plus de vigiles, alors que certains de leurs militants ont emmené des morceaux de liquette en trophée !
 

Choc ! Horreur ! On a essayé de mettre le roi à nu. Mais qui est le roi ? : l’État (actionnaire à 17 %) et le Capital qui contrôlent la compagnie. Qu’est-ce qu’une chemise quand on supprime 2900 emplois ? Deux dirigeants, deux chefs dont le torse a été mis à nu sont ainsi ramenés à leur simple condition d’hommes par des travailleurs, des femmes et des hommes qu’ils « gèrent » en tant que « ressource ». Où est la véritable humiliation ? Les salariés d’Air France ont esquissé un geste dans la seule direction qui puisse apporter une transformation réelle de la société : l’action directe, la rupture de la paix sociale sans s’en remettre aux élites et dirigeants, quels qu’ils soient.
 

La Fédération anarchiste soutient l’ensemble des salariés en lutte contre la férocité de ceux qui les dirigent. Elle appelle à la solidarité face à la répression qui risque de s’ensuivre et souhaite une riposte massive des travailleurs.

 

 

Vers la grève générale ! Préparons la riposte sociale et syndicale !