Colombie : Solidarité internationale

07-05-2021

Tenons-nous informés et ne laissons rien passer




Les inégalités structurelles en Colombie

La Colombie fait partie des 15 États les plus inégaux au monde, et en Amérique Latine elle occupe malheureusement la première place. Dans la société colombienne, la terre et les richesses, tout comme les postes d’élus et les médias de masse, sont détenus par une petite partie de la population. En conséquence, c’est 42.5% de la population qui se trouve en situation de pauvreté et de grande précarité, vivant avec une moyenne de 72€ par mois. Cette situation dure depuis des années et a encore empirée avec la pandémie de covid-19. La majorité de la population lutte chaque jour pour vivre dignement, pour manger, avoir un logement, accéder à la santé et à l’éducation.


Déjà 10 jours de mobilisation

C’est dans ce contexte que le gouvernement national, sous la houlette du Président Ivan Duque, a souhaité faire passer une réforme fiscale pour que les dettes issues de la pandémie soient payées par les classes moyennes et populaires, sans imposer fortement les personnes les plus riches du pays. C’est face à cette réforme en temps de pandémie que le 28 avril a été déclarée une grève nationale et qu’a commencé un processus de mobilisation sociale qui dure depuis 10 jours déjà. Bien que la pression populaire ait été suffisamment forte pour que la réforme fiscale soit abandonnée, le peuple colombien poursuit la mobilisation concernant les choix politiques néolibéraux et inégalitaires dans les domaines de la santé, des retraites et du travail.


Criminaliser et délégitimer la mobilisation sociale

La réponse du gouvernement et du parti au pouvoir face au mouvement national massif et pacifique est de délégitimer et de criminaliser la mobilisation en affirmant que celle-ci émane d’organisations telles que les FARC, l’ELN (armée de libération nationale) ou du politicien de gauche Gustavo Petro. Ce discours vise à décrédibiliser le libre exercice de la manifestation auquel ont eu recours de nombreuses colombiennes et colombiens ainsi que des organisations sociales, les défenseurs des droits humains et les syndicats de travailleurs.


Cela montre, sans surprise, que chaque fois que la population se mobilise pour ses conditions de vie et la société dans laquelle elle souhaite vivre, les pouvoirs institutionnels cherchent à délégitimer et invisibiliser la réalité de la mobilisation sociale. L’objectif est de créer de la peur chez les personnes, dépourvues, qui observent ces événements à travers les médias traditionnels. Ceux-là traitent les manifestants comme des casseurs, niant les revendications politiques.


Violences des forces publiques

Ce discours de criminalisation et d’invisibilisation permet au gouvernement d’utiliser la violence physique, violant ainsi le droit constitutionnel à la manifestation par la brutalité policière. Entre le 28 avril et le 5 mai 2021, l’ONG Temblores a enregistré 1 708 cas de violences policières : 222 cas de violences physiques, 37 victimes d’homicides dus aux forces de police, 831 arrestations arbitraires, 10 victimes de violences sexuelles, 22 victimes avec des blessures aux yeux, 110 blessés par des balles tirées par la police et 312 cas d’interventions violentes de la part des forces de l’ordre.

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Face à cette situation, nous manifestons notre solidarité avec les compagnes et compagnons colombiennes qui se mobilisent pour vivre dignement et pour construire une société plus juste.

Nous condamnons, en Colombie et partout dans le monde, l’utilisation de la coercition et de la violence policière et militaire pour criminaliser et assassiner celles et ceux qui se mobilisent.

Nous condamnons les discours du gouvernement colombien et du parti majoritaire – liés au paramilitarisme et au narcotrafic – qui délégitiment et criminalisent les personnes de tous bords et les non-encartés qui expriment le droit de protester.

Nous appelons à la solidarité internationale dans la lutte avec les colombiennes et les colombiens.

Nous appelons à poursuivre les engagements dans des alternatives concrètes autogestionnaires et coopérativistes, en Colombie et partout ailleurs, pour vivre ensemble dans un monde viable socialement et écologiquement.




Secrétariat aux Relations Internationales de la Fédération anarchiste francophone,
Membre de l’IFA – Internationale des fédérations anarchistes