SOLIDARITÉ AVEC LES SQUATS ANARCHISTES EN GRÈCE, DE HÉRAKLION À ATHÈNES

21-10-2023

Communiqué des Relations Internationales de la Fédération Anarchiste  

Le 25 août à Athènes, deux espaces occupés anarchistes était expulsés par la police : Ano-Káto-Patíssia et Zizania, place Viktoria. Ces lieux mettaient en œuvre une organisation non hiérarchique et anti-patriarcale de la vie de quartier et soutenaient activement les migrant.e.s. D’autres lieux autogérés étaient dans le collimateur du pouvoir. Le communiqué des relations internationales de la Fédération Anarchiste francophone du 1 septembre alertait : "D’autres squats anarchistes sont menacés dans le pays".

Un mois plus tard, c’est à Héraklion, sur l’île de Crète, que cette nouvelle expulsion a eu lieu, visant l’une des plus grandes occupations anarchistes en Grèce : le squat Evangelismo. L’opération de police a débuté aux premières heures du samedi 30 septembre (à la fois des motards DRASI et DIAS, des MAT, des OPKE et l’unité antiterroriste TEKAM), et s’est soldée par des arrestations d’une rare violence contre nos compagnes et compagnons.

Le bâtiment occupé depuis 2002, officiellement propriété de la Faculté de Médecine de l’Université de Crète, abandonné depuis 1985, était en ruines. Depuis 21 ans, c’est devenu un lieu de réunion et d’actions solidaires pour les groupes anarchistes et antiautoritaires, mais aussi les collectifs de contre-information. Jusqu’au 30 septembre dernier, ce squat, restauré par l’assemblée occupante autogérée de 2017 à 2023, proposait des hébergements, cuisinait des repas gratuits et organisait de nombreux événements dans la quatrième ville de Grèce.

A., un jeune étudiant anarchiste de troisième cycle, traîné par les cheveux puis frappé par les forces de police spéciales sur le toit de l’immeuble, a fait une chute de douze mètres menotté. Un autre compagnon, Yannis Stefanis, menotté face contre terre au moment de la chute de A., a reçu un coup de pied dans la tête, d’un policier de l’unité spéciale qui lui a crié : « Ferme-la, sinon toi aussi tu finiras à la morgue ». Notre compagnon A. a survécu à chute, mais il est hospitalisé depuis trois semaines, encore gravement blessé, avec des fractures aux jambes et à la colonne vertébrale, dans un hôpital d’Athènes. Onze résidents du squat ont été arrêtés et sont en attente de l’acte d’accusation, dont notre compagnon anarchiste Yannis Stefanis, membre de l’Association des chercheurs d’Héraklion. Ce dernier a reçu d’autres menaces de mort de la part de policiers dans la rue, dans les jours qui ont suivi.

La Fédération Anarchiste exprime sa solidarité avec les centres sociaux anarchistes qui œuvrent sans attendre pour la révolution sociale et libertaire, ce qu’a bien compris leur ennemi à trois visages : État, capitalisme, autoritarisme.  

Nous soutenons les manifestations qui se poursuivent à Héraklion avec l’objectif de reprendre le squat, comme ce fut le cas en 2019 à Chania, à l’ouest de la Crète, quand la mobilisation massive du mouvement social a permis de rouvrir le squat Rosa Nera, alors que les policiers de garde prenaient la fuite. Nous soutenons les autres squats anarchistes en Grèce, à commencer par ceux qui résistent encore à Exarcheia : le squat de réfugié.e.s et migrant.e.s Notara 26 (qui vient de fêter son huitième anniversaire malgré les menaces et attaques), la structure autogérée de santé du quartier (ADYE), le K*Vox tenu par le groupe anarchiste Rouvikonas depuis dix ans, sans oublier deux des plus anciens squats anarchistes d’Athènes : Antipnoia à Petralona, depuis 2007, et Lelas Karagianni 37 à Kipseli, qui tient bon depuis 1988 ! Et bien d’autres !

À l’heure où le gouvernement grec montre sa volonté d’en finir avec les squats anarchistes (et que, simultanément, des organisations fascistes de toute l’Europe se préparent à se réunir le premier novembre à Athènes), il est important de leur manifester notre soutien indéfectible.

La solidarité internationale est notre arme.

Fédération Anarchiste